Voici ce que d'autres avait à lire à propos de cet ouvrage :
- Damien Augias, dans La fierté des origines populaires comme arme de pouvoir
Ce que Grand patron, fils d'ouvrier montre de manière convaincante, c'est précisément dans quelle mesure la fierté de l'ascension sociale devient une arme de pouvoir chez un patron aussi puissant que Franck, défenseur convaincu des thèses néolibérales les plus violentes sur le plan économique et social. Pour justifier ses positions et son action (il a notamment mené d'importants plans sociaux au sein de son entreprise, débouchant sur des centaines de licenciements économiques), Franck se réfère sans cesse à l'un de ses frères, bénéficiaire du RMI puis du RSA depuis vingt-cinq ans, et qui, selon lui, ne cherche pas à travailler, ce qui lui fait dire qu'on est toujours responsable individuellement de sa situation et que la méritocratie existe bel et bien pour peu qu'on veuille se donner les moyens de réussir ("On est victime si on le veut", dit-il sèchement). En d'autres termes, l'on comprend que Franck, issu d'un mileu ouvrier mais vouant un culte au travail (ou plus exactement à son travail individuel, qui lui a valu une carrière professionnelle fulgurante, de cadre de terrain jusqu'à devenir patron d'une filiale nationale), s'est totalement approprié l'idéologie dominante de son milieu professionnel actuel, se sentant parfaitement à l'aise (tout en restant "authentique") dans des sphères telles que l'Automobile Club de France ou le MEDEF.
- Perrick, dans Sixième vague de huit bouquins lus
Un sociologue décortique le parcours atypique d'un grand patron français. Des origines italiennes, un prof ambitieux en IUT, une carrière fulgurante dans une société anglo-américaine et une place à l'Automobile Club de France. Une tranche de vie singulière et si éloignée des carrières possibles "à la française" : un écart statistique et sociologique lumineux.
- Lilian Peschet, dans Grand patron, fils d’ouvrier – Jules Naudet
Au final que reste-t-il ? Bin ce petit bonhomme, en traversant les couches sociales, est devenu ultra libéral (pour aller vite) sans perdre la conscience de ses origines. Il est intégré à la bourgeoisie, il fait presque partie des grands patrons français, il râle un peu lorsqu’il paye ses impôts et voilà. Bon ok. Une trajectoire intéressante. Rare, mais intéressante. Mais. Ouais, y a un « mais ». Ce témoignage n’en est pas vraiment un : c’est Jules, que Franck a utilisé comme un scribe, qui nous raconte sa vie. Du coup, peut-on vraiment parler de témoignage ? Car ce témoignage n’est pas tant présenté pour ce qu’il est que comme un éclairage sur la mobilité sociale.
- Mapero, dans Jules Naudet : Grand patron, fils d'ouvrier
Intransigeant, sûr de lui, il sait être dur, sans état d’âme face aux restructurations et aux licenciements car seuls comptent les intérêts de l’entreprise : « si on est trop gentil, ça ne peut pas fonctionner » déclare-t-il à Jules Naudet. Convaincu de la nécessité de la « destruction créatrice », il sait se faire entendre des ouvriers dont il a connu jadis la vie précaire. Toujours « bonhomme » quand il retourne bavarder avec ceux de Gisors, mais néolibéral avant tout.
- Arnaud Chenu, dans De l'ascension sociale en France
Ce livre raconte la vie, l' ascension sociale et la mentalité d' un grand patron. Tout y est décrit, de l'enfance marquée par le culte du travail du père, sa carrière, ses perspectives. Mais le plus intéressant est la mentalité qui a permis cette ascension sociale. D'abord, une grande adaptabilité tout en restant soi même et en le revendiquant, ensuite un contact humain et un certain charisme, enfin une véritable religion du travail et une relative violence sociale.
- Moon, dans Grand patron, fils d’ouvrier - Jules Naudet - Editions du Seuil
L'itinéraire exceptionnel, de Franck, fils d'un ajusteur, que quelques coups de chance et un immense talent ont propulsé au rang de grand patron dans un groupe pétrolier. L'exemple de la "Survalorisation des origines populaires comme arme de pouvoir". Il n’est pas difficile de deviner, sous le prénom de Franck, Patrick Romeo président de Shell France… Un exemple d’ascension par la méritocratie !
- Yves Faucoup, dans Fils d’ouvrier grand patron
Manifestement, l’ange gardien ne suffit pas : Jules Naudet, interrogé sur France Inter par Guillaume Erner le 19 juin, précise que Franck pense que « quand on veut on peut ». Dans le livre, il confie qu’il n’aime pas les gens qui se disent victimes : « Moi, j’en suis sorti et je considère qu’on est victime si on le veut. (…) Il y a quand même des gens qui choisissent leur sort. » Et de citer son frère qui, selon lui, ne veut pas travailler, et a connu ce qui semble être une déchéance : le RSA. « Je ne supporte pas l‘assistanat pour moi-même. Et je trouve que notre société, collectivement, elle s’oriente beaucoup vers ça ». Il s’appuie sur son passé, selon Jules Naudet, « pour défendre des positions très dures, comme la condamnation de l’assistanat ou la dénonciation de l’État-providence ». On s’en serait douté : idéologie classique de celui qui réussit et qui ne pardonne pas aux autres de ne pas y parvenir. Idéologie détestable qui alimente tant d’exclusions dans notre pays.
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