Voici ce que d'autres avait à lire à propos de cet ouvrage :
- Aude, dans Contact
Donald Duck était plus humain dans sa lutte avec un placard que nous le sommes aujourd’hui quand nous n’avons plus aucune raison d’en chier pour avoir une prise sur notre environnement. Nous nous pensons souverainement détachés de nécessités honteuses alors que nous sommes administrés. Car le monde dont nous jouissons est formaté dans le but d’endormir notre « attention » aux choses, de n’en faire qu’une marchandise offerte aux stimuli « hyperapétissants » et omniprésents concoctés par les « architectes [de nos] choix ». Les lecteurs français le savent depuis certaine sortie sur leur « temps de cerveau disponible » : on ne nous rend pas la vie plus pratique et distrayante sans un intérêt bien compris.
- Perrick, dans Huit bouquins lus, la quatorzième vague
La suite de l’exploration du réparateur de moto philosophe : cette fois-ci M. Crawford nous plonge dans les affres de la modernité. L’évolution des aventures des personnages de Disney (de Mickey à Donald Duck en passant par Dingo) en est un marqueur : d’abord décontenancés par les objets d’un quotidien récalcitrant - et donc forcément très drôles - ils ont désormais une boîte magique avec des outils capable de répondre parfaitement à n’importe quelle situation. L’effet burlesque a disparu, la matière est escamoté et le réel perd toute aspérité. Cette quête d’un rapport désirable avec le monde, parce que formateur et enrichissant, le mènera à explorer la musique des salles de sport YMCA et Kant ou Kierkegaard, l’Américain statistiquement moyen et les tuyaux d’orgue de Taylor & Boody. Des allers-retours entre lecture de philosophie classique et analyse des gestes du travail ordinaire très féconds.
- Philippe Meirieu, dans Pour le symbolique, nous n’avons pas grand chose en magasin…
Il faut absolument lire, à ce sujet, le nouveau livre de Matthew B. Crawford, Contact – Pourquoi nous avons perdu le monde et comment le retrouver (Paris, La Découverte, 2016) : il y montre parfaitement à quel point « l’engagement avec le réel » dans des activités concrètes, qui requièrent un investissement fort de l’intention et de l’attention, est, tout à la fois, un antidote efficace à l’accélération et à la virtualisation imposées par nos sociétés et, fondamentalement, un vecteur permettant l’émergence de la pensée réfléchie et l’accès à une authentique liberté.
- Bernard Hawadier, dans Renoncement et attention
S’agissant de l’attention qui est le thème central de sa réflexion Matthew Crawford cite Simone Weil : « il y a quelque chose dans notre âme qui répugne à la véritable attention beaucoup plus violemment que la chaire ne répugne à la fatigue. Ce quelque chose est beaucoup plus proche du mal que la chair. C'est pourquoi toutes les fois qu'on fait vraiment attention, on détruit du mal en soi. ». D'où il résulte la nécessité d'une pratique ascétique de l'attention. Matthew B. Crawford nous invite à une érotique de l’attention.
- Weronika Zarachowicz, dans Comment le monde actuel a privatisé le silence
Cela ressemble à une critique classique de l'asservissement moderne par la technologie alliée à la logique marchande. Sauf que Matthew Crawford choisit une autre lecture, bien plus provocatrice. L'épuisement provoqué par le papillonnage moderne, explique-t-il, n'est pas que le résultat de la technologie. Il témoigne d'une crise des valeurs, qui puise ses sources dans notre identité d'individu moderne. Et s'enracine dans les aspirations les plus nobles, les plus raisonnables de l'âge des Lumières. La faute à Descartes, Locke et Kant, qui ont voulu faire de nous des sujets autonomes, capables de nous libérer de l'autorité des autres — il fallait se libérer de l'action manipulatrice des rois et des prêtres. « Ils ont théorisé la personne humaine comme une entité isolée, explique Crawford, totalement indépendante par rapport au monde qui l'entoure. Et aspirant à une forme de responsabilité individuelle radicale. »
Vous pouvez acheter ce livre dans les boutiques suivantes :